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UN "MUR DES FÉDÉRÉS" POUR RESSUSCITER LA COMMUNE DE PARIS

Où vont les morts après les révolutions ? Que deviennent-elles, ces âmes surchauffées, rebelles et radieuses, lorsque retombent les bras levés, lorsque saignent les coeurs et se taisent les lendemains qui chantaient ? Où sont-ils passés, ces Communards qui rêvaient d’un monde meilleur, sans ordre ni tyrans, et que la meute des bourreaux massacra par milliers en 1871 ? Dans quel entremonde errent-ils, dans quelle ombre attendent-ils leur Jugement dernier ?

 

Mal morts, mal pleurés, leur plainte retentit dans la nuit. Oka leur rend hommage avec "La Commune ou la Mort". Une oeuvre syncrétique qui mêle la mythologie socialiste, la martyrologie chrétienne et les croyances antiques. On y verra le "Grand Communard", dieu des enfers impavide, accueillir les âmes des héros morts au combat ; on y verra aussi Louise Michel en maîtresse infernale, dénonçant l’immense injustice de leur sort ; on y verra enfin Courbet, peintre et ami de la Commune, contempler, impuissant, l’horreur de la répression.

De toutes les révolutions françaises, celle-ci est la plus tragique et la plus méconnue. Au printemps 1871, les Parisiens élisent une assemblée municipale révolutionnaire qui décrète la Commune. La redistribution des richesses, l’éducation laïque, gratuite et républicaine et l’autogestion sont à l’ordre du jour. Elle se trouve rapidement confrontée à une contre-révolution campée à Versailles. Du 21 au 28 mai 1871, l’armée des Versaillais entre dans Paris et terrasse la milice des Communards. 20 à 30 000 Parisiens, hommes, femmes et enfants (on en ignore le nombre exact) sont massacrés. Aucun des auteurs de cette boucherie ne sera jamais inquiété.

 

Nombreux sont les hommes politiques modernes à se réclamer de la Commune, événement inclassable, aussi bien socialiste qu’anarchiste, artisan que petit-bourgeois, utopiste que patriote. Quitte à trahir son esprit ! Oubliée, galvaudée, la mémoire des Communards est bien maltraitée. Leur souvenir fugace - leur fantôme - hante le cimetière du Père Lachaise, lieu de pèlerinage, chaque année au mois de mai, au mur des Fédérés où ils furent exécutés en masse.

 

LES DOCUMENTS

LE PROJET

LA RÉALISATIOn

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LE MUR ACHEVÉ

"La Commune ou la mort", c'est le triomphe ultime du Bien ou la chute finale aux Enfers. Au jour du Jugement Dernier, le Grand Communard (au centre) procède à la pesée des âmes (planchette des rats sur la caisse au premier plan) des héros tombés sur les barricades (dans les trois cercueils bleus). A sa gauche, le choeur des anges défend la cause des Communards.

 

Sur le panneau à droite, la déesse des Enfers, Louise Michel (chevelure brune) accueille les jeunes âmes des morts et dénonce leur massacre d'un doigt accusateur, sous le regard hagard d'un Courbet, peintre et communard, réduit à une tête décapitée enfermée dans une cage. Telle une folle clameur, une volée de mains virginales en appelle à la Divine Compassion (dans la chapelle). 

Sur le panneau à gauche, des créatures humaines transformées en monstres fuient l'horreur de la répression : une femme violée à tête de cheval, un enfant singe tripes à l'air, un merle qui n'est plus moqueur. A leurs pieds, le sanctuaire des morts vivants.

Installation. Longueur : 4,5 m. Hauteur : 2,1 m. Profondeur : 0,7 m.

Nous reviendrons, foule sans nombre,

nous reviendrons par tous les chemins,

spectres vengeurs sortant de l'ombre,

nous viendrons nous serrer les mains

LOUISE MICHEL

 

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